Comment créer des images plus mémorables, retenir des mots difficiles et devenir de plus en plus rapide et efficace

Note importante : Vous pouvez lire en anglais une version plus complète de cette page en consultant ce lien. Ce qui se trouve ci-dessous n’est pas encore terminé.

 


 

À propos de cette page : Une fois que vous aurez compris les bases des techniques de mémorisation, je pense que cette page risque de devenir l’une des plus utiles pour vous. Je vais vous suggérer plusieurs stratégies que vous pourrez utiliser pour improviser des images plus mémorables et pour améliorer vos performances de façon générale. Idéalement, vous devriez avoir déjà fait au moins un ou deux exercices avec des palais de mémoire. L’accent ici sera mis sur la mémorisation de listes de mots, mais la plupart de ces stratégies peuvent tout aussi bien être utilisées dans d’autres contextes et d’autres disciplines. Même si la “mémorisation sportive” ne vous intéresse pas et que réussir vos examens, je pense que vous devriez quand même prendre le temps de lire et de comprendre cette page.

Précision importante avant de commencer : Les stratégies expliquées sur cette page sont surtout utiles lorsque vous essayez de mémoriser quelque chose qui est particulièrement difficile à retenir. Dans ces cas-là, utiliser l’art de la mémoire sera presque toujours votre meilleur atout. Dans d’autres circonstances, si vous apprenez à utiliser un nouveau logiciel ou si vous voulez comprendre comment le phénomène X interagit avec la chose Y, ce ne sera pas toujours le cas. Pour l’étude de nombreux sujets, il est souvent possible de retenir quelque chose en étant très attentif, en comprenant sa logique interne, en reliant d’une manière ou d’une autre ce que vous apprenez avec ce que vous savez déjà, et en vous testant de différentes manières. Lorsque l’opportunité se présente et que vous avez le temps et l’énergie, il n’y a rien de mal a privilégier cette approche plus directe. Un apprenant peut choisir d’utiliser les techniques de mémorisation lorsqu’elles sont utiles ou nécessaires ou lorsqu’il en a simplement envie. Le reste du temps, il peut choisir de les ignorer ou de les utiliser de façon plus limitée.


Quelques suggestions pour retenir des mots ou des noms ou des concepts difficiles

Tant mieux si vous pouvez trouver une façon de représenter directement ce que vous voulez retenir, mais ce ne sera pas toujours le cas. Pour retenir les mots “président” et “cheval”, il suffit d’imaginer Biden ou Trump ou Obama or Bush ou peu importe sur un cheval. Ok ça c’était ridiculement facile. Lorsque vous serez confronté à des situations qui ne seront pas aussi simples, voici quelques stratégies avec lesquelles vous pourrez expérimenter. Avertissement amical: Pour vous montrer un peu l’étendu de ce qui est possible, je vais vous présenter toutes sortes d’exemples qui sont intentionnellement médiocres ou même carrément mauvais.

Apprenez à rendre l’abstrait plus mémorable :

Si les mots représentant des réalités concrètes sont généralement faciles à visualiser, vous devrez faire preuve de plus de créativité pour les concepts plus abstraits. Si je devais me souvenir d’un mot comme “demain”, j’utiliserais soit un calendrier, soit une pile de formulaires que je préférerais ne pas remplir aujourd’hui. Pour “possible”, j’utiliserais soit des mannequins en train de “poser” (ce n’est pas le même mot, mais c’est assez proche) pour une photo, soit un objet de science-fiction futuriste que je pourrais regarder en me demandant si c’est possible ou non. Pour “énergie”, je m’imaginerais en train de faire des push-ups ou je penserais au lapin Energizer. Pour le “printemps”, je penserais simplement à un arbre avec beaucoup de feuilles.

L’idée est toujours de prendre ce qui peut être difficile à retenir (un mot ou un concept abstrait) et de le transformer en quelque chose qu’on peut visualiser ou absorber plus facilement. Pour un mot comme “grammaire”, vous pouvez penser à vos premiers enseignants à l’école primaire ou à une jeune petite fille qui formule des phrases un peu incohérentes. Vous pouvez utiliser une phrase difficile écrite sur le mur. Vous pouvez penser à votre grand-mère (“grand-mère” = grammaire! ). Ou vous pouvez penser au “maire” de Québec ou de Springfield (les deux qui me viennent le plus spontanément en tête).

 

Rappelez-vous que tous les moyens sont bons et que même les “mauvais” trucs de mémorisation peuvent être très utile :

Pour les informations difficiles qui n’ont pas de logique facilement compréhensible, un “mauvais” truc de mémorisation est généralement bien mieux que rien.  Lorsque vous ne trouvez rien d’évident, utilisez plus ou moins n’importe quelle formes d’associations qui vous viennent en tête, aussi tordues, absurdes ou vagues qu’elles peuvent être. Ce n’est pas grave si le truc n’est que très vaguement relié à ce que vous voulez mémoriser.

  • Un bon pourcentage de vos trucs risquent d’être basés sur un lien mental direct ou indirect – voir parfois extrêmement indirect – entre la signification du concept que vous souhaitez mémoriser et l’image que vous allez utiliser pour le retenir. Peut-être que le mot “incendiaire” qui vous fait penser à un camion de pompier ou à un pyromane transportant un bidon d’essence. Peut-être que le concept d’ “empirisme” vous évoque un cliché d’expérience scientifique, avec des savants portant des sareaus et manipulant des fioles de liquide coloré. Ou peut-être qu’il vous fait penser à un enseignant, un auteur ou un philosophe quelconque. Ou peut-être encore que cela vous rappelle la scène où un étudiant riche et prétentieux se fait humilier par Matt Damon dans un bar au début du film Good Will Hunting. Le mot “empirisme” n’a même pas été prononcé dans la scène en question, mais on peut facilement imaginer qu’il aurait pu l’être.
  • Un autre grand pourcentage de vos trucs vont être basés sur des similitudes dans la sonorité des mots, même si le sens est parfois complètement différent. “Incendiaire”, outre les associations bien plus évidentes, pourrait aussi être représenté par une femme nommée Sandy, du sable (sand en anglais), un cendrier, de la soudure, quelqu’un d’insolent, de l’encens. Ou même par un dentier, si cela peut vous faire penser aux dents “incisives”. “Empirisme” pourrait vous faire penser à Jules César et son empire, ou une situation qui empire (de la vaisselle qui s’accumule ou qui tombe par terre ou peu importe) ou une ampoule ou un prisme ou des prix qui montent… Ces trucs ne sont pas tous aussi bons les uns que les autres, mais ils restent tous potentiellement utiles. Même lorsque la sonorité de notre “truc” est bien éloignée de celle du mot à retenir.
  • Vous cherchez un mot similaire à ce que vous souhaitez retenir, sauf que vous n’avez pas d’inspiration et que vous ne trouvez rien? Dans ces cas-là, ce sera toujours possible de choisir de ne représenter qu’un seul son ou même une seule lettre. Pour retenir “grandiloquent”, rien ne nous oblige à trouver une image parfaite pour représenter ce mot. Peut-être pouvez-vous penser à quelque chose de “génial”, ou même simplement à “golf” ou à une “gourde” pour la toute première lettre. Ces derniers trucs sont vraiment, vraiment très mauvais. Cela m’amène au point suivant: même les mauvais trucs restent (presque) toujours mieux que rien. 
  • Ce n’est pas grave si vous ne pouvez même pas expliquer pourquoi cette chose vous fait penser à cette autre chose. Est-ce que le mot “blandishment” vous fait penser à Dracula pour une raison mystérieuse? L’utilisation de cette image peut très bien fonctionner, même si elle ne semble n’avoir aucun sens.
  • À quelque rares occasions, vous pouvez même choisir d’utiliser des associations 100% arbitraires. Si vous devez mémoriser quelque chose de difficile et qu’aucune bonne ou mauvaise idée ne vous vient en tête, vous pourriez choisir une image qui vous plait complètement au hasard ou presque. L’encéphalite devient une coquerelle. La diphtérie devient Elvis. La gastroentérite devient une Formule 1. J’aurais pu utiliser d’autres images avec des liens indirects ou des sonorités vaguement similaires, mais ici j’ai choisi complètement au hasard. Cette dernière façon de procéder est loin d’être idéale, mais elle peut tout de même parfois avoir sa place, notamment lorsqu’un concept difficile revient fréquemment. Si vous devez souvent mémoriser des faits liés à l’encéphalite, ça va être pratique de pouvoir toujours représenter cette maladie par une coquerelle. Les chances sont bonnes que votre cerveau va parvenir à se souvenir que vous avez pensé à une grosse coquerelle au moment où vous lisiez ce passionnant article sur les encéphalites. Mais même si ce n’est pas le cas du premier coup, c’est certain qu’il sera possible de créer une association mentale plus durable après quelques révisions supplémentaires.

Utilisez autant d’images ou de “trucs” que nécessaire, mais pas plus :

[Précisions sur ce point à venir bientôt]

 

À chaque fois que c’est utile ou essentiel, divisez ce que vous souhaitez retenir en plus petits morceaux :

Si vous n’avez aucune idée de truc de mémorisation pour un mot particulier, commencez par décomposer le mot en plusieurs parties. Un mot comme “pulchritudinous” ne vous évoquera probablement rien la première fois que vous l’entendrez, mais qu’en est-il de composantes comme “pulch”, “ritu” et “dinous”? Pourriez-vous alors penser à quelque chose comme “push” (quelqu’un qui pousse quelque chose), “rite” (comme dans rituel, quelqu’un qui danse autour d’un feu peut-être) et ensuite “diner”. Ce mot épouvantable pourrait devenir quelqu’un qui “pousse” (pulch) son “diner” (dinous) en bas de la table comme une forme de “rituel” (ritu). Ou peut-être que cela pourrait devenir vous poussant un “Ritudinous” (un mot inventé pour décrire une sorte de dinosaure qui pratique toutes sortes de rituels). Ces images particulières sont absurdes, vagues et stupides. L’ordre n’est pas tout à fait correct et le son n’est pas exactement le même. Mais après quelques essais et erreurs, je suis certain que vous pouvez réussir à utiliser “push”+”rituel”+”diner” pour vous souvenir de “pulchritudinous”.

* J’ai proposé ici des trucs mnémotechniques pour toutes les principales parties de ce mot difficile, mais sachez que ce n’est pas toujours nécessaire de procéder de cette façon. Un truc qui ne correspond qu’à une petite partie de ce que vous tentez de retenir peut souvent être plus que suffisant.

**Encore une fois, lorsque rien d’autre ne fonctionne, vous devriez au moins parvenir à trouver une astuce pour la toute première lettre du mot que vous essayez de retenir. Dans certains cas, pouvez aussi choisir de vous concentrer sur une autre lettre que la première. Pour retenir le nom du médicament “azapronir” (nom fictif), personnellement je préférerais me concentrer sur le Z que sur le A. Est-ce que soit un zoo, un zèbre, un zeppelin, une “zip line”, un zipper, Azraël le chat dans les Schtoumphs ou Zurg*** l’un des méchants dans Histoire de Jouets 2 pourrait nous aider à retenir “azapronir”? Il y a de bonnes chances que oui! Et si aucun mot en “Z” ne vous vient à l’esprit, vous pouvez toujours penser à un gros Z écrit sur le mur ou sculpté dans un arbre ou un bloc de glace.

*** Je viens à l’instant d’aller vérifier que le méchant dont je me souvenais dans Histoire de Jouets 2 s’appelle bel et bien Zurg. C’est bien le cas. Mais supposons un instant que je m’étais mélangé et que la sonorité de son nom n’avait absolument rien en commun avec “Zurg”, ça ne m’empêcherait aucunement d’utiliser ce personnage pour retenir le Z d’azapronir. Si pour une raison quelconque ce personnage me fait penser au son dont j’ai besoin, je m’en fous si son vrai nom est en fait “Robert DuPont Poitras” ou peu importe. Si un truc fonctionne pour moi, cela n’a aucune importance s’il ne fonctionne pas pour personne d’autre.

Dites-le à voix haute ou dans votre tête, aussi souvent que nécessaire :

Cette méthode n’est pas toujours nécessaire, mais dans certains cas, elle est pratiquement indispensable. “Pulchritudinous” n’est pas un mot facile, même avec des trucs de mémorisation. Vous allez devoir vous pratiquer à le prononcer à haute voix au moins une fois. Les trucs sont là pour vous aider, mais ils ne peuvent pas toujours faire 100% du travail à votre place. Le fait de le dire à voix haute vous aidera à unifier le tout et à retenir tous les petits détails agaçants (le L au milieu du “pulch” par exemple). Faire l’effort de dire quelque chose, c’est là une action qui est naturellement plus mémorable que de simplement regarder un mot sur une feuille ou sur un écran. Vous êtes forcé de bouger vos lèvres d’une façon différente à chaque syllabe. Vous pouvez peut-être vous entendre dire le mot.

* Si vous êtes à la bibliothèque, que vous êtes entouré de gens ou que vous n’avez juste pas envie de faire du bruit, vous pouvez toujours vous contenter de “dire” le mot dans votre tête en bougeant silencieusement vos lèvres.


Quelques suggestions pour créer des images plus mémorables

Lorsque l’on utilise un palais de la mémoire, c’est souvent suffisant de juste se dire “ok il y a cette chose sur le comptoir là-bas et il y a cet autre truc sur la chaise à côté”. Sauf que même si cette simple stratégie de mémorisation “fonctionne” la plupart du temps, elle n’est pas idéale. Les risques d’erreurs et d’oublis sont plus grands et on est souvent forcé de réviser davantage. Vos images et vos histoires seront beaucoup plus mémorables si vous utilisez certaines combinaisons des astuces proposées ci-dessous.

* Pour être clair : Vous n’avez pas besoin d’utiliser TOUTES ces astuces simultanément, tout le temps, pour tout. Utilisez ce dont vous avez besoin, quand vous en avez besoin. Ou ce qui vous tente, quand cela vous tente. Tentez d’éviter de trop compliquer le processus sans raison valable.

Go extreme!

Quand vous en vous en avez envie, n’hésitez pas à rendre vos images plus hardcore, plus bizarres, plus laides, plus belles, plus sexy, plus violentes, plus puantes, plus offensantes, plus dégoûtantes, avec plus de confiture, plus de crème glacée, plus de tentacules et plus de sang! Dans votre imagination, il n’y a (presque) rien de “trop extrême” ou de “trop offensant”. N’ayez pas peur d’utiliser des images que vos enseignants ou vos parents trouveraient choquantes.

*Bien sûr, c’est à vous de décider. Même moi il m’arrive de me dire “ok ça c’est un peu too much” avant de choisir une autre image. La “violence” de type cartoon pour enfants peut être préférable à la violence de films d’horreur. Le mignon peut être préférable à la vulgarité. Le réalisme peut être préférable au fantastique. Des images plus banales ou ordinaires peuvent aussi très bien fonctionner. Je peux nommer bien des pros de la mémorisation qui disent que la plupart de leurs images n’ont rien de bien hors du commun.

*Avertissement amical : L’utilisation d’images extrêmes peut être amusante et utile pour certains, mais il ne faut pas en abuser. Si toutes vos images sont toujours en train d’exploser et que vos personnages sont toujours nus, l’effet “hors de l’ordinaire” va finir par disparaitre.

Utilisez vos 5 sens:

Ajoutez des sons ou même des éléments olfactifs, tactiles et gustatifs à plusieurs de vos images.

Utilisez le pouvoir des histoires

Lorsque l’inspiration frappe, essayez de penser à des raisons bidons pour “expliquer” pourquoi toutes ces absurdités se produisent. Ce personnage essaie-t-il d’impressionner cet autre personnage? Quelqu’un a-t-il oublié ce micro-ondes dans la forêt? Pourquoi le dragon a mangé le vélo?! Est-ce que c’est parce qu’il n’y avait rien de mieux dans les environs? Est-ce que ce type de dragon a une alimentation à base de métal? Parce qu’il a lu dans le magazine Cosmos que le fer est bon pour la santé? Les liens “logiques” (les guillemets sont importants ici) ainsi créés peuvent considérablement solidifier vos histoires. Si vous trouvez quelque chose qui peut donner un certain “sens” à vos images, même de façon folle et absurde et bizarre, cela va rendre le tout beaucoup plus résistant à l’oubli. De tous les conseils mentionnés sur cette page, celui-ci est peut-être le plus potentiellement utile. Le seul problème, c’est que cette façon de procéder est souvent difficile et qu’elle demande davantage d’énergie mentale. Bien souvent, aucune bonne idée ne vous viendra à l’esprit. Si vous n’arrivez pas à trouver une cause ou un lien bidon, ce n’est pas grave, passez à autre chose. Il y a bien d’autres techniques de mémorisation qui peuvent être efficaces.

 

Reliez vos images les unes aux autres et faites-les interagir

Faire interagir vos images les unes avec les autres est une excellente façon de les rendre plus solides et plus mémorables. Ainsi, vous pourrez souvent vous souvenir de quelque chose que vous aviez oublié en pensant à l’image qui précède ou à celle qui suit immédiatement. Parfois, le fait de se souvenir d’un seul petit détail permet de réactiver un réseau d’images et d’informations beaucoup plus vaste. Une image peut interagir avec une autre de toutes sortes de façons. Elle peut entrer en collision avec l’autre, lui tomber dessus ou la fuir. Elle peut être projetée. Elle peut se transformer. L’image 1 peut trouver un moyen d’utiliser l’image 2 de toutes les manières imaginables. Ne vous contentez pas de toujours faire en sorte qu’une image se cogne accidentellement sur une autre, puis une autre, puis une autre… Tentez de varier vos approches aussi souvent que possible. Et si, comme recommandé ci-dessus, vous pouvez ajouter des éléments narratifs à tout cela (pourquoi? comment?), vous serez presque inarrêtable.

* Si vous placez deux images ou plus au même endroit, il va de soi que l’image 1 “doit” interagir avec l’image 2 d’une façon ou d’une autre. Mais c’est également possible de lier des images plus éloignées les unes des autres. Un personnage peut marcher d’un endroit à l’autre. Des objets peuvent être lancés. Des coups de feu peuvent être tirés. Des mots peuvent être échangés. On peut faire du bruit. Un portail magique peut rendre possible un coup de poing à longue distance. Les interactions peuvent également être beaucoup plus subtiles. Un personnage peut par exemple simplement remarquer ce qui se passe de l’autre côté de la pièce et trouver cela très étrange. Ou peut-être qu’il peut entendre le bruit, sentir l’odeur ou avoir une réaction émotionnelle?

** D’une certaine façon, faire interagir vos images vous permet de combiner la méthode du palais de la mémoire avec la méthode des liens[lien à venir], en vous assurant qu’un élément vous mène toujours au suivant. Les images peuvent être liées de toutes sortes de façons. Comme je viens de l’expliquer, le lien peut prendre la forme d’une interaction directe et indirecte.

*** C’est parfois possible de “lier” vos images sans nécessairement les faire interagir. Le lien peut être de nature plus conceptuelle ou pseudo-logique. Il peut s’agir d’une simple pensée dans votre tête liée aux différences ou aux similitudes entre ce qui se passe là-bas et ce qui se passe dans l’autre pièce. “Il y a vraiment beaucoup de violence dans cette pièce.” / “Dommage qu’Obélix dans la chambre ne puisse pas voir le gâteau géant sur le toit” / “Ce petit chien a bien de la chance d’être assez éloigné de cet ogre”. / “Une fourchette est vraiment un étrange choix d’outil pour cette tâche!”

**** Vous trouverez sur cette page d’autres exemples des différentes façons dont les images peuvent être liées entre elles. [lien à venir]

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Faites interagir vos images avec leur environnement

Lorsque vous utilisez un palais de la mémoire, ce n’est généralement pas une mauvaise idée de faire en sorte que vos images soient liées à leur environnement de différentes manières. Une image sur votre divan peut le trouver particulièrement confortable. Elle peut le souiller ou l’endommager. Elle peut le lancer avec une force incroyable, ou tenter sans succès de le déplacer pour récupérer la pièce de monnaie qui est tombée en dessous. Une image placée près d’une fenêtre peut recevoir la lumière du soleil. Elle peut remarquer quelque chose qui se passe à l’extérieur. Ou elle peut casser cette stupide fenêtre dans un accès de colère. Si l’image est sur la table, elle peut y laisser des traces de pas, elle peut se tenir sur le bord, tomber ou déposer ses pieds dans votre dîner. Si elle est près de la cheminée, elle peut bien sûr prendre feu. Ou bien elle peut sentir la chaleur et l’utiliser pour sécher ses vêtements ou pour bronzer. Ou encore, elle peut admirer le feu tout en réfléchissant profondément au sens de la vie.

N’oubliez pas que toutes les astuces de mémorisation ne doivent pas nécessairement être visuelles

La vision est probablement notre sens le plus puissant, mais ce n’est pas notre seul outil. Toutes les différentes formes d’associations peuvent fonctionner, pour autant qu’elles semblent avoir un sens quelconque dans votre esprit. Si vous rencontrez quelqu’un qui s’appelle Neil et que vous pensez “ce type veut inventer quelque chose de nouveau” (nouveau… Neil… assez proche), ce n’est pas visuel et le type n’a peut-être aucun désir d’inventer quoi que ce soit, mais cela peut quand même fonctionner. Pour paraphraser quelqu’un d’autre, les techniques de mémorisation fonctionnent même quand elles ne fonctionnent pas. Parce qu’elles vous forcent à jouer avec l’information et à la lier à quelque chose d’autre, elles augmentent considérablement vos chances de vous souvenir.

 

Utilisez les “micro-révisions stratégiques”

Je vais vous reparler plus tard des différentes stratégies de révision que vous pouvez choisir d’utiliser, mais qui à mon avis vaut la peine d’être mentionnée tout de suite. J’appelle ça les “micro-révisions stratégiques”. C’est une expression bidon que j’ai inventée. Je suis certainement très loin d’être le seul à utiliser cette stratégie, mais curieusement je n’ai encore vu personne d’autre prendre le temps de la décrire et de l’expliquer.

En quoi est-ce que cela consiste? Supposons que vous venez de placer 2 images sur une table et 2 images sur un autre meuble à proximité. Pour faire une “micro-révision” ici, il suffit de prendre juste une seconde pour se demander “Qu’est-ce que je viens d’imaginer ici ?” et/ou “Quels sont les mots que j’essaie de mémoriser ici ?”. Je vois cela comme une forme très rapide et limitée de mise à l’épreuve. Puisque vous venez de créer les images il y a à peine un instant, vous devriez normalement être en mesure de répondre en un rien de temps. Et vous ne devriez pas avoir à vérifier les réponses. Si vous ne pouvez pas, cela signifie qu’il y a quelque chose qui cloche et qui doit être corrigé. L’utilisation de “micro-révisions” peut vous ralentir légèrement au début, mais elle peut aussi vous aider à consolider et à solidifier vos images nouvellement improvisées. Je pense qu’il est possible d’apprendre à utiliser cette stratégie de manière très rapide et efficace.

* J’ai ici parlé de comment on peut utiliser les micro-révisions dans le cadre de la création d’un palais de mémoire. Mais bien entendu, des stratégies similaires peuvent aussi être utilisées dans une multitude d’autres circonstances. Vous pouvez vous poser des questions rapides pour n’importe quelle information que vous venez d’apprendre. Vous pouvez prendre deux secondes pour questionner sur une information spécifique alors que vous êtes au milieu d’un cours ou de l’écoute d’un documentaire. Ce n’est malheureusement pas toujours possible d’appuyer sur “pause”, mais si vous vous limitez à une question brève et simple, vous devriez normalement pouvoir vous remettre à l’écoute rapidement sans trop de problèmes. Vous pouvez même utiliser le même processus au milieu d’une conversation avec quelqu’un d’autre. 

**Attention, les micro-révisions ne servent qu’à renforcer les toutes premières étapes de l’apprentissage initial. Pour des quantités plus importantes de données ou pour une mémorisation à plus long terme, d’autres formes de révisions plus exigeantes vont bien sûr être nécessaires.

 

 


Quelques suggestions pour vous améliorer plus rapidement

Une fois que vous aurez fait au moins quelques exercices et expérimentés avec les techniques de base, ce sera à vous de voir jusqu’à quel point vous souhaitez pousser votre apprentissage. Les conseils ci-dessous sont là pour vous aider à vous aider à progresser au-delà de votre niveau actuel. La plupart de ces conseils sont valides pour les débutants comme pour les experts.

N’oubliez pas que ce qui semble difficile aujourd’hui peut devenir facile demain

Il est tout à fait normal, au début, de trouver que le processus de mémorisation est souvent délicat et difficile. Vous êtes en train d’apprendre une nouvelle compétence. Plus vous acquerrez d’expérience avec les techniques de mémorisation, plus le processus sera rapide et plus il sera facile de trouver des images ou des “trucs” pour représenter les concepts les plus complexes. Certaines personnes obtiennent très rapidement des résultats remarquables. D’autres ont plus de difficultés, mais tous sont capables, à court ou moyen terme (“demain” est une façon de parler), d’augmenter considérablement leur niveau de départ. Des améliorations significatives se produiront très probablement plus tôt que vous ne l’imaginez. Apprendre à mémoriser avec l’art de la mémoire est plus difficile que d’apprendre à faire du vélo, mais c’est beaucoup plus facile que la plupart des autres compétences complexes que l’on peut choisir de développer.

* Le public cible du paragraphe ci-dessus est principalement les débutants qui tentent de développer des compétences de base, mais il reste valide pour ceux et celles qui ont beaucoup plus d’expérience et qui souhaitent pousser encore plus loin leur niveau d’habileté.

Pratiquez-vous souvent, pas nécessairement longtemps

Règle générale, il est effectivement vrai que plus on investit de longues périodes de temps, plus on s’améliore. Sauf que la relation entre le nombre d’heures passées à s’entrainer et les améliorations constatées n’est pas aussi linéaire qu’on pourrait le croire. C’est génial si vous êtes suffisamment motivé pour vous entraîner pendant des heures, mais je ne suis pas certain que ces très longues sessions seront beaucoup plus productives que des sessions beaucoup plus courtes. Des sessions courtes, mais intenses et bien réfléchies d’entraînement délibérés peuvent faire aussi bien des miracles. Des séances plus longues produiront probablement de meilleurs résultats, mais pas à n’importe quel point. Le concept de “diminishing return” est important ici. Les 5 à 30 ou 60 premières minutes de pratique d’une journée donnée sont les plus cruciales. Au-delà, les efforts supplémentaires peuvent toujours être utiles, mais ils ne le seront pas autant.

*Vos séances d’entraînement ne doivent pas nécessairement être longues, mais elles doivent être intenses. Autant que possible, essayez de concentrer (au moins brièvement) 100 % de votre énergie mentale sur ce que vous essayez d’accomplir. Voyez le processus comme une série de sprints courts, et non comme un long marathon. Soyez totalement détendu lorsque vous ne vous entraînez pas, puis essayez d’y aller à fond pendant un court moment. Pour atteindre ce niveau de concentration, il est utile d’éliminer toutes les formes possibles de distraction (les téléphones portables et les onglets ouverts sur votre ordinateur sont le diable) et de dormir autant que nécessaire selon un horaire régulier. Quelques mines antipersonnel soigneusement placées devant votre porte d’entrée peuvent également être utiles.

* Bien que l’idéal soit bien sûr de viser plus que cela, je pense qu’il est possible de s’améliorer de manière semi-consistante avec seulement deux ou trois séances de 5 à 10 minutes par semaine. Au moins jusqu’au point où vous serez satisfait de votre niveau d’habileté, il est important de maintenir l’habitude de s’entraîner de façon semi-régulière. Ça n’a pas besoin d’accaparer bien du temps. Ça n’a pas besoin d’être tous les jours. Mais il vaut mieux éviter de briser le rythme. Sinon, vous risquez de procrastiner indéfiniment le moment où vous allez vous réactiver.

Visez d’abord un minimum de précision, la vitesse ensuite

Je vais souvent parler des différentes façons de devenir plus rapide, sauf qu’en réalité, je ne crois pas nécessairement que la vitesse devrait être une priorité vous. De moins, sûrement pas au tout début. Je pense que vous devriez commencer de façon relativement lente et tenter de maitriser le processus tout en maintenant un bon niveau de précision.

Je ne sais pas quel est le niveau “optimal” de précision que nous devrions viser. Il ne faut qu’il soit trop bas. Et lorsque c’est nécessaire, il faut pouvoir être en mesure d’obtenir 100% de bonnes réponses. Sauf que je ne pense pas non plus qu’il devrait toujours être à ce niveau. Si les erreurs sont toujours inacceptables, ça nous oblige à trop ralentir le rythme et à trop réviser. Et cela nous empêche en bonne partie d’aller au-delà de notre zone de confort. Cela m’amène au point suivant…

Faites des erreurs!

Une fois que vous saurez comment vous y prendre pour mémoriser une liste d’éléments avec fiabilité, cela va bientôt le temps de commencer à pousser l’exercice plus loin. Lorsqu’une tâche commence à devenir facile, réessayez de façon un peu plus rapide et voyez ce que ça donne. En mémorisation comme dans bien des domaines, une fois maitrisées toutes les compétences de base, s’améliorer va consister en bonne partie à tenter de repousser juste un peu plus loin votre zone de confort. Ce n’est pas facile à quantifier, mais il sembler que de viser environ 4% de plus que ce à quoi vous êtes habitué (que ce soit en termes de vitesse ou de quantité d’informations mémorisées) soit une bonne règle générale.

Tout cela pour dire qu’il est normal et même souhaitable de faire des erreurs au moins une fois de temps en temps. Si vous réussissez toujours tout, c’est que vous ne vous donnez pas assez de défis. Vous visez trop bas. Vous vous contentez d’un trop petit nombre d’éléments à mémoriser. Ou vous m’allez pas assez vite. Vous révisez plus souvent que nécessaire.

D’un autre côté, si vous faites trop d’erreurs, vous devriez peut-être ralentir les choses et changer vos stratégies de révision pour le moment. Et dormez un peu plus ! Ne vous inquiétez pas, cela deviendra beaucoup plus facile avec le temps et la pratique.

Tentez d’identifier les causes de vos erreurs

Lorsque cela est possible, essayez de deviner pourquoi vous avez fait telle ou telle erreur. Nos cerveaux étant des bibittes infiniment étranges et complexes, les véritables causes vont souvent être difficiles ou même impossibles à identifier avec certitude. Mais on peut tout de même faire un effort rapide pour tenter de deviner. Le plus souvent, les principales causes de vos erreurs vont être une combinaison de ces différents facteurs:

  • Vous avez parcouru cet élément trop rapidement et vous n’y avez pas prêté suffisamment attention.
  • L’image que vous avez utilisée était trop confuse ou pas assez mémorable.
  • Vous n’avez pas révisé correctement.
  • Aujourd’hui n’est tout simplement pas une bonne journée. Reposez-vous et essayez à nouveau demain!

* Si vous avez failli oublier quelque chose, mais que vous avez été chanceux au moment de répondre, vous devriez traiter cette expérience de la même manière que vous traiteriez une erreur. Vous vous souveniez vaguement qu’il y avait une Claire ou une Clara ou vous n’étiez pas certain si c’était cette personne ou cette autre personne? Tant mieux si vous avez deviné correctement, mais ce n’est pas une complète réussite. Lorsque le processus de mémorisation est parfaitement sous contrôle, ce n’est plus nécessaire de “deviner” quoi que ce soit.

* À l’opposé, vous pouvez également tenter de comprendre ce qui est à l’origine de vos succès. Lorsque quelque chose se passe particulièrement bien, il est possible qu’il y ait une ou deux leçons intéressantes à tirer de cette expérience. C’est peut-être simplement parce que vous avez bien dormi la nuit précédente. Vous étiez peut-être plus détendu et plus concentré. Peut-être est-ce simplement parce que le temps que vous avez passé à vous entraîner porte enfin ses fruits. Ou peut-être avez-vous fait quelques ajustements mineurs à vos stratégies de mémorisation? Si c’est le cas, ne tirez pas des conclusions trop vites. C’est loin d’être certain que ces ajustements soient réellement ce qui a fait la différence. Mais gardez cet hypothèse en tête et continuez de faire d’autres expériences.

Ne réfléchissez pas trop longtemps avant de choisir une image

Ne soyez pas trop perfectionniste lorsque vous choisissez vos images. Utilisez autant de détails que nécessaire pour vous souvenir de ce que vous devez retenir, mais pas plus. Savoir combien de détails, de temps et d’attention sont nécessaires pour se souvenir de quelque chose est une compétence que vous développerez avec la pratique. À plus long terme, dans bien des cas, quelques images très rapidement improvisées, très floues et désordonnées, seront tout ce dont vous aurez besoin.

Ne vous inquiétez pas trop de la clarté des images que vous tentez de visualiser

Tant mieux pour vous si vous pouvez fermer les yeux et “voir” sur commande un tas d’images claires et détaillées que vous venez d’inventer, mais vous n’avez pas besoin d’en être capable pour devenir bon dans l’art de la mémoire. Je peux même citer des personnes atteintes d’aphantasie (l’incapacité de créer et de visualiser volontairement des images mentales dans son esprit) qui ont réussi à devenir particulièrement douées. Personnellement, je me donne rarement la peine d’essayer de former une image très claire dans mon esprit. Une vague impression floue de ce qui se passe à tel endroit est souvent plus que suffisante, surtout quand on prend le temps d’inventer une sorte d’histoire bizarre en cours de route. Même lorsque j’essaie de visualiser quelque chose plus clairement, je ne suis pas sûr de pouvoir dire que je parviens à “voir” quoi que ce soit. Tout me semble toujours assez vague et flou.

Révisez aussi souvent que nécessaire, mais pas plus que cela : [Stratégies de révision supplémentaires à venir]

Encore une fois, vous pouvez lire en anglais une version plus complète de cette page en consultant ce lien. La version ci-dessus n’est pas encore terminée.