Qu’est-ce que l’art de la mémoire

La riche et mémorable histoire de l’art de la mémoire

On oublie souvent comment les êtres humains ont vécu la majorité de leur histoire sans avoir l’accès à l’écriture ou à d’autres moyens d’externaliser leurs souvenirs et leurs connaissances. Pendant des milliers d’années, toutes les informations qui devaient être préservées devaient être mémorisées d’une façon ou d’une autre. Perdre son chemin dans le Grand-Nord ou dans la jungle est une expérience qu’il est préférable d’éviter. Et si une plante permet de guérir une maladie rare tandis qu’une autre plante peut nous empoisonner, on ne souhaite pas devoir réapprendre ces leçons à chaque génération. Bien au-delà des questions pratiques et des questions de survies, d’énormes quantités d’information étaient étudiées et mémorisées simplement parce que l’accumulation de connaissances peut être une source de plaisir, de satisfaction et de fierté. Les Navajos d’Amérique du Nord pouvaient nommer et décrire plus de 700 espèces d’insectes. Les Hanunoos des Philippines pouvaient identifier et décrire 1625 espèces de plantes classées en plus de 890 catégories. Ces différents peuples emmagasinaient d’énormes quantités d’informations non seulement sur les plantes et les insectes, mais aussi notamment sur tous les autres animaux, sur les techniques de chasse et de cueillette, sur la configuration du terrain et sur celles des étoiles. C’est sans parler de tout ce qui concerne la mythologie, les arts, l’histoire et la généalogie de leur peuple. Bien qu’il soit extrêmement rare que des scientifiques occidentaux aient pris la peine de répertorier précisément les connaissances entretenues par tel ou tel peuple de chasseurs-cueilleurs dans tel ou tel domaine, on sait que les Navajos et les Hanunoos ne sont pas des exceptions. Dans toutes les sociétés de chasseurs-cueilleurs, certains individus plus âgés avaient comme fonction de servir de bibliothèque. De bien des façons, leurs prouesses de mémorisation à long terme n’avaient rien à envier aux miennes ou à celles des soi-disant “champions de mémorisation” actuels.

Comment diable est-ce que c’est possible? Par la répétition oui, mais surtout par l’utilisation d’une grande variété de techniques de mémorisation basées en grande partie sur les images et les histoires. La combinaison de toutes ces techniques, c’est ce que moi et bien d’autres appelons l’art de la mémoire. Cet art est aujourd’hui malheureusement très peu répandu, mais il n’est pourtant ni une invention récente, ni un secret jalousement gardé. Si les techniques de mémorisation utilisées par les chasseurs-cueilleurs restent encore aujourd’hui beaucoup trop peu connues, celles utilisées durant l’Antiquité sont davantage de notoriété publique. Au premier siècle avant notre ère, l’homme d’État romain Cicéron en décrivait brièvement les grands principes dans l’un de ses ouvrages en ajoutant qu’il n’était pas nécessaire de s’étendre “outre mesure sur une matière simple et connue de tout le monde”¹. Au-delà de l’Antiquité gréco-romaine, l’art de la mémoire a jadis été enseigné à la plupart des étudiants de l’Europe de la Renaissance. L’écriture, dans la mesure où elle était présente, était perçue largement comme un complément à la mémorisation, pas comme un substitut. En plus d’être bien rares, les textes étaient aussi très difficiles à lire pour ceux qui ne s’étaient pas d’abord familiarisés avec leur contenu. Imaginez un texte où les lettres ne servent qu’à reconstituer la sonorité des mots et où les mots sont écrits côte à côte sans aucun espace et sans aucune ponctuation et vous aurez une bonne idée de ce à quoi ressemblaient les écrits de l’Antiquité et ceux d’une bonne partie du Moyen Âge. Durant des siècles, la lecture était une activité pratiquée à voix haute par quelqu’un qui était déjà grandement familier avec le texte. Ce n’est que plusieurs siècles plus tard que l’omniprésence de l’écriture, combinée à d’autres facteurs qu’ils seraient un peu laborieux d’expliquer ici, a ironiquement amené l’art de la mémoire à sombrer dans l’oubli².

L’art de la mémoire aujourd’hui

L’art de la mémoire reste aujourd’hui pratiqué par au moins quelques milliers de personnes à travers le monde. Lorsqu’il ou elle est adéquatement guidé, un complet néophyte peut avec une facilité déconcertante s’en servir pour mémoriser en quelques minutes une liste d’au moins une trentaine de mots aléatoires dont il ou elle se souviendra encore le lendemain. Avec davantage d’entraînement, l’art de la mémoire permet à ses adeptes les plus doués de retenir en seulement une heure plus de 1000, 2000, jusqu’à 3000 numéros aléatoires. Pour une poignée de véritables experts, moins d’une vingtaine de secondes sont nécessaires pour mémoriser l’ordre d’un paquet de 52 cartes. Je pourrais continuer longtemps à énumérer des histoires incroyables. Pour l’instant, je vais m’arrêter avec celle d’un docteur malaisien du nom de Yip Chooi. En 5 mois, il est parvenu à mémoriser chacun des 57,000 mots et des 1774 pages du dictionnaire Oxford anglais-mandarin. Aussi incroyable que cela puisse paraître, la grande majorité de ces gens insistent pour affirmer que leur mémoire naturelle n’a à la base rien d’exceptionnel et que leurs prouesses mnésiques ne sont possibles que grâce aux techniques, à l’entraînement et à la persévérance.

Plusieurs milliers de personnes à travers le monde utilisent aujourd’hui l’art de la mémoire sous différentes formes, mais il reste encore plus de 99% de la population qui soit ne connaissent pas ces techniques, soit ne savent pas très bien comment les utiliser. Se bourrer le crâne la veille de son examen, le passer et tout oublier par la suite, c’est bien pénible comme méthode, mais ça fonctionne bien souvent. Il est vrai qu’on peut théoriquement vivre sa vie sans ne jamais ou presque mémoriser quoi que ce soit. À quoi bon mémoriser si l’on peut simplement chercher sur Google ou noter ce qu’il nous faut sur un bout de papier ou dans son cellulaire? Pour le meilleur et pour le pire, l’écriture et les ordinateurs ont révolutionné la façon dont on peut emmagasiner et transmettre nos connaissances. Tout cela est bien merveilleux, mais on peut tout de même se demander si cette situation n’amène pas son lot d’effets pervers. Une connaissance notée sur un bout de papier ou sur un fichier informatique est-elle réellement aussi enrichissante qu’une connaissance entreposée dans notre cerveau, accessible à tout moment et directement liée à une multitude d’autres idées?

L’utilité de l’art de la mémoire

Saviez-vous qu’un jeune occidental de moins de trente ans a environ une chance sur trois d’être incapable de donner son propre numéro de téléphone sans d’abord devoir le vérifier? Et si l’on demande aux étudiants en histoire de l’université d’Oxford de nommer tous les premiers ministres britanniques, ils ne pourront en moyenne qu’en nommer neuf. La plupart de leurs professeurs ne feront guère mieux. Avec des techniques de mémorisation et un peu de volonté, apprendre la liste complètes des 55 premiers ministres dans l’ordre, c’est pourtant une affaire de quelques heures tout au plus. Je pourrais probablement y parvenir en une trentaine de minutes.

Certaines conceptions modernes de l’éducation mettent en opposition mémorisation et compréhension, comme si plus on mémorisait, moins on comprenait et vice versa. Il n’en est rien, toutes les études sérieuses indiquent que l’un va avec l’autre. La compréhension n’est pas un édifice que l’on peut construire comme ça dans les airs, à partir de rien, sans un minimum de fondements préalables. L’étude des faits ne mène pas directement et automatiquement à la compréhension, mais on ne peut comprendre un domaine et exercer adéquatement sa pensée critique sans d’abord se familiariser avec une série de données fondamentales. Un élève qui ne peut retenir le nom des pays et les situer sur une carte aura de la difficulté en géographie et en histoire. Ne pas connaître les tables de multiplication va considérablement ralentir sa capacité à résoudre des problèmes mathématiques. D’autres habiletés sont bien sûr importantes à développer, mais il ne fait aucun doute que la rétention de certaines informations est absolument cruciale. Lorsque la mémorisation est effectuée d’une façon avec laquelle notre cerveau est à l’aise, nul besoin de craindre la surcharge d’information. Au contraire, plus notre répertoire de connaissances est vaste, plus il est facile de lier les informations entre elles et d’en apprendre encore davantage. Il y a plusieurs autres façons possibles de répondre à la question “à quoi bon mémoriser?”. Je vais pour le moment les laisser de côté et m’adresser seulement à ceux et celles qui ne doutent pas de la pertinence de cultiver sa mémoire et d’accumuler des connaissances.

Les principes de base de l’art de la mémoire

En bonne partie, l’art de la mémoire, c’est l’art de porter attention. Bien de soi-disant problèmes de mémoire sont en fait des problèmes d’attention. Vous n’avez pas “oublié” le nom de cette personne que vous venez à peine de rencontrer, votre esprit était simplement ailleurs lorsqu’elle s’est présentée. Mais même avec une complète concentration, il y a des limites à ce que nous sommes normalement capables d’assimiler. Comment est-ce donc possible de mémoriser autant, aussi rapidement? Le “secret” consiste à prendre quelque chose qui est difficile à retenir et d’utiliser son imagination pour le transformer en quelque chose que notre cerveau peut assimiler presque sans effort. Les êtres humains ont normalement bien de la difficulté à retenir des informations abstraites comme des chiffres, des noms, des phrases ou des idées complexes. Notre cerveau n’est pas conçu pour le monde moderne et il devient rapidement surchargé lorsqu’il nous faut gérer plus de quelques nouveaux éléments d’information. Heureusement, l’évolution nous a dotés d’une intelligence spatiale et visuelle remarquablement développée. C’est ce qui nous permet de comprendre ce que l’on voit et de naviguer différents lieux sans s’y perdre. Personne n’a besoin d’une carte ou d’un GPS pour se représenter mentalement son lieu de résidence et l’emplacement des meubles qui s’y trouvent. Montrez rapidement 2500 images à un groupe de volontaires et ils pourront ensuite, 87 fois sur 100, les distinguer correctement d’autres images très similaires (le même marteau dans une position différente par exemple)³. On ne le réalise que rarement, mais notre mémoire des lieux (même pour ceux qui comme moi ont un sens de l’orientation particulièrement mauvais) et des images est absolument spectaculaire.

Malgré une série d’innovations plus récentes, les principes fondamentaux de l’art de la mémoire restent les mêmes qu’à l’époque de l’Antiquité. Rhetorica ad Herennium, écrit par un auteur inconnu aux alentours de l’an 82 avant notre ère, serait à la fois le plus ancien texte latin connu sur la rhétorique et la plus ancienne description écrite de l’art de la mémoire. Les quelques pages du texte qui sont consacrées au sujet décrivent deux types de mémoire, l’une naturelle, produite automatiquement par tous, et l’autre “artificielle”, le produit d’un art et d’un entraînement. Cette “mémoire artificielle” (je préfère personnellement les expressions mémoire entraînée ou mémoire mnémonique) est composée de deux éléments: les images et les lieux. Les images sont improvisées pour correspondre vaguement à l’information que l’on souhaite retenir, alors que les lieux servent à les classer et à les entreposer. L’auteur suggère d’utiliser des images qui s’apparentent à l’objet à mémoriser soit par le sens, soit par la sonorité, soit par d’autres formes d’associations. Il recommande également d’utiliser des images qui sont soit particulièrement belles, particulièrement laides, amusantes, hors du commun ou marquantes d’une quelconque façon. Le mot “hippopotomonstrosesquipédaliophobie”, pour prendre un exemple particulièrement simple, pourrait notamment être représenté par un hippopotame monstrueux (hippopotomonstro) qui poursuit un citron qui pédale dans un pédalo (sesquipédalio; le “ses” se prononce comme “zès” comme dans l’expression un zeste de citron), motivé par la peur (phobie). Afin de se souvenir qu’hippopotomonstrosesquipédaliophobie signifie la peur des mots trop longs, on pourrait aussi imaginer que l’hippopotame est armé d’un dictionnaire et qu’il récite des mots particulièrement longs et intimidants…

Idéalement, les images sont ensuite entreposées dans ce qu’on appelle des “palais de la mémoire”, des lieux réels ou fictifs dans lesquels nous pouvons naviguer mentalement. Imaginez votre hippopotame monstrueux qui poursuit le citron en pédalo sur le bureau de votre patron, repensez à tout cela à quelques reprises dans le futur et vous ne les oublierez plus jamais. Placez ensuite d’autres images correspondant à d’autres informations sur la chaise de votre patron, sur le mur derrière lui, sur la porte d’entrée, dans le corridor, sur les fenêtres, au plafond, dans les tiroirs, sur la distributrice de boissons gazeuses, dans les toilettes, un peu partout de façon plus ou moins linéaire dans les parties de l’édifice que vous connaissez – vous pouvez aussi aller sur le toit ou à l’extérieur aux alentours – et vous serez surpris de la quantité d’informations que vous pourrez ainsi retenir. Autant que possible, tentez de laisser aller votre imagination et d’oublier vos inhibitions. Si vous en avez envie, n’ayez pas peur d’utiliser des images ridicules, violentes, sexuelles ou offensantes. Ce qui est marquant est bien souvent plus facile à retenir et personne n’est dans votre tête pour juger de la décence de vos images. Même les auteurs du XVe siècle le reconnaissaient. N’ayez pas peur non plus d’utiliser les premières images qui vous passent par la tête, même si elles ne représentent que très vaguement ce que vous souhaitez mémoriser. Passer trop de temps pour tenter de trouver l’image parfaite est une erreur de débutant on ne peut plus commune. Un “mauvais” truc de mémorisation est souvent bien mieux que pas de truc du tout. Si le mot “ostracisme” vous fait seulement penser à un os, les chances sont bonnes pour que ce soit suffisant.

Voilà grosso modo comment fonctionnent les palais de mémoire, presque indéniablement la plus puissante de toutes les techniques de mémorisation. Les images et les histoires rendent l’information beaucoup mémorable. Et plutôt que de laisser nos souvenirs flotter au milieu du nombre incalculable de données qui se promènent dans nos têtes, les “palais de la mémoire” nous permettent de structurer l’information et de la retrouver plus facilement. Ainsi, les sénateurs romains qui souhaitaient mémoriser leurs discours transformaient en images les différents sujets à aborder et les ordonnaient en les plaçant mentalement dans un lieu de leur choix. La légende raconte que ce serait là l’origine des expressions “en premier lieu” et “en deuxième lieu”.

Il y a plus à savoir. Des techniques comme “la méthode des liens” ou “la méthode des crochets” peuvent parfois servir d’alternative ou de complément aux palais de mémoire. On peut se construire des systèmes qui permettent de mémoriser chiffres et cartes à jouer ou autres éléments répétitifs en un temps record. On peut utiliser ce qu’on appelle la répétition espacée et la mise à l’épreuve pour retenir d’encore plus grandes quantités d’information indéfiniment à long terme. On peut aussi, surtout dans les domaines que l’on connait mieux, choisir de mémoriser en utilisant moins les images et davantage la logique et la compréhension. C’est la combinaison de toutes les méthodes qui permettent de rendre l’information plus mémorable que moi et d’autres appelons l’art de la mémoire.

Conclusion

On peut utiliser l’art de la mémoire pour retenir les principaux fondements d’un domaine quelconque, pour étudier pour un examen, pour retenir les noms des gens que l’on rencontre, pour apprendre le vocabulaire d’une nouvelle langue ou simplement pour s’amuser, se mettre au défi et développer ses aptitudes pour la visualisation, la concentration et la créativité.

L’art de la mémoire n’est pas une pilule magique pour tout apprendre et tout retenir sans faire d’efforts, mais cela reste un outil absolument extraordinaire qui mérite amplement d’être connu. J’espère être parvenu à vous convaincre que cela vaut la peine d’y investir un minimum de temps et d’effort.

 

 

Et maintenant?

– Si vous souhaitez commencer à vous entrainer dès aujourd’hui, vous pouvez commencer par ce petit programme guidé. L’objectif de ce petit programme est qu’en environ une vingtaine de minutes par jour pendant 5 jours, vous parveniez à développer un minimum de compétence pour la mémorisation.

– Il y a bien des mythes qui perdurent encore à propos de l’art de la mémoire, même chez ceux et celles qui sont quelque peu familiers avec le sujet. Dans cet article, je m’attaque à la plupart de ces mythes et je tente de faire quelques clarifications qui me semblent être importantes. La lecture de cet article peut sans problème être remise à plus tard, mais je vous incite à ne pas la négliger indéfiniment.

– Dans la section “Apprendre à apprendre”, j’explore quelques principes fondamentaux utiles pour toutes les différentes formes d’apprentissage. Cette section est particulièrement utile pour tous ceux et celles qui pourraient vouloir développer de nouvelles habiletés. Vous pouvez vous permettre de l’ignorer si l’apprentissage des techniques de mémorisation est votre unique priorité, mais je pense qu’elle reste pertinente même dans ce cas.

– Dans la section “Outils et applications”, vous risquez fort de trouver au moins quelques trucs qui vont vous être utiles.

 

Lectures optionnelles complémentaires:

  • Pour tout ce qui concerne l’utilisation des techniques de mémorisation dans les sociétés sans écriture – un sujet selon moi particulièrement intéressant, important et lourd de conséquences – l’auteur Lynne Kelly est la référence. Si vous êtes le moindrement curieux à ce sujet, je vous encourage fortement à consulter au moins un ou deux des liens que vous trouverez au bas de cet article.
  • Si vous êtes curieux, j’ai rédigé cet article pour m’attaquer plus en détail à la question faussement “controversée” de l’utilité de la mémorisation. 
  • Je fais de mon mieux pour être rigoureux et pour toujours rester aussi ridiculement honnête que possible, même lorsque ce n’est pas à mon avantage. Mais je peux bien sûr parfois me tromper, mes sources aussi. Je précise ce que je veux dire dans ces quelques notes concernant la fiabilité des informations que vous trouverez sur ce site et ailleurs.

 

Notes de bas de page:

1: La citation de Cicéron provient de De Oratore, II, Cicéron, LXXXVII

2: Cet article en ligne offre un bon court résumé de l’aspect historique du sujet, du moins dans pour ce qui concerne le monde occidental. Pour un traitement plus exhaustif, voir The Art of Memory de Frances Yates et The Book of Memory – A Study of Memory in Medieval Culture de Mary Carruthers. 

3: L’étude portant sur les taux de rétention de milliers d’images présentées brièvement est en ligne ici. D’autres études sont arrivées à des résultats comparables avec jusqu’à 10,000 images.

Armando Veve est l’artiste qui a créé l’image que vous avez vue au début de cette page.